Il est marrant le chef. « Et si tu affrontais les Berruyers pour annoncer leur participation à la Coupe de France ? »
L'idée fait gamelle dans la tête du journaliste aux années baby-foot oubliées. Cette époque lycéenne bénite à la bière pas chère où la partie était à deux francs et le poignet bien entraîné entre un cours de philo et un de maths.
« Tu es sûr ? Ça va être une boucherie.»
La réponse claque comme une balle qui martyrise la ferraille de la cage.
« Oui. L'article est pour vendredi. »
Quand faut y aller Un SMS est envoyé à Gwenaël Grezet, président-joueur du club de baby-foot de Bourges, prêt à en découdre demain et dimanche, à Paris, avec 46 équipes.
« Rendez-vous 19 h 30, pour une partie en double au Château d'eau (l'un des rares bars de Bourges à avoir un baby, NDLR). »
« Ok, entraînez-vous un peu avant »
Les points de suspension en disent long : les bourreaux sont prêts, les condamnés aussi. Ou presque. Le partenaire, également journaliste – dont nous tairons le nom, mais pas son surnom, l'Anguille – se défile à la dernière minute. L'excuse ? Natation ? « Y a l'OM qui joue ! » Mouais
Va pour un match en tête-à-tête. Le parfum de la proche exécution en place publique remplace celui du houblon. Car Gwenaël Grezet annonce la couleur : « Je vais mettre mes poignets de compétition et un peu d'huile sur les barres. Il ne faut rien négliger. Et puis on va jouer avec les règles officielles. »
On synthétise, on vulgarise : contrairement au baby-foot de troquet, les buts avec les milieux et les ailiers sont valables et la gamelle ne vaut qu'un point. Une chance. Au bout de cinq secondes, Gwenaël Grezet pilonne la cage. La balle entre et ressort. 1-0. Ça sent la fanny et le honteux rituel du joueur de café : un passage à quatre pattes sous le baby-foot et les yeux des clients. Sauf que l'impensable va se passer.
Engagement approximatif. Passe à l'avant miraculeusement précise. Frappe enchaînée à la vitesse de l'escargot. Et but ! 1-1. L'idée d'un exécuteur faisant une fleur ne traverse même pas l'esprit du condamné ressuscité. Avec un peu de recul, oui.
« La prochaine fois, je joue normalement »Derrière, c'est l'avalanche de buts. Gwenaël Grezet répète toujours la même sentence, tout en variant les gestes techniques. Il annonce le type de frappe et l'endroit où la balle va aller se loger. On n'y voit que du feu et le boulier adverse s'enflamme.
Score final : 9-1. C'était moins une. L'honneur est sauf. Sauf que l'impression est vite confirmée par un propos en forme de tacle glissé : « La prochaine fois, je joue normalement. » Sans nous.
Sur le web. http:\\18bft.fr\
Benjamin Gardel